Françoise Bouvot épouse Cheminade (2)
Ce texte est à lire après Françoise Bouvot épouse Cheminade (1). Vous trouverez le lien vers le texte suivant dans les commentaires.
La volonté de vivre une vie de femme normale
Elle a écrit dans son texte :
J'aime parler avec mon mari. On se complète.
Elle se considérait avant tout comme mon complément, non comme une handicapée ou une malade dont je devais m’occuper. Je la considérais aussi comme mon complément. Il est très probable, pour ne pas dire certain, qu’une femme dite normale ne serait pas rester aussi longtemps avec moi et mon envie de faire avancer la société dans laquelle nous vivons. Si j’ai pu trouver une solution pour initier une société où chacun aura la possibilité d’être heureux c’est grâce à elle.
Malgré son handicap elle voulait mener une vie de femme normale. Dans le récit qu’elle fait de sa vie, elle évite de parler de ses handicaps. Elle ne parle de sa maladie pulmonaire qu’avant notre rencontre. Après notre rencontre, les deux épisodes importants liés à sa maladie pulmonaire ne sont pas évoqués. Son récit est fait comme si sa maladie avait disparue après notre rencontre.
Le premier épisode
A propos de notre fille, elle dit « il venait me voir souvent. Et un jour on s'est marié .On a eu une fille. On ne s'est plus quittés. » et plus loin « Nous avons habité 3 ans à Châteaudun avec notre fille. » Elle a complètement occulté le fait qu’elle a du rester couchée de juin à décembre 1982 chez ses parents à Libourne car sinon elle aurait fait une fausse couche. C’est donc à Libourne qu’est née notre fille de manière prématurée. Cette dernière est restée deux mois en couveuse à l’hôpital de Libourne. Pour ma femme, en raison de sa maladie qui limitait sa capacité respiratoire et qui la conduisait à tousser de nombreuses fois dans la journée pour évacuer le mucus qui envahissait ses poumons, avoir un enfant n’était sans doute pas médicalement recommandé. Mais elle en voulait un.
Après son accouchement, son frère qui était devenu pneumologue en pensant sans doute à sa sœur et que l’on ne l'a pas vu souvent durant la vie de sa sœur, a été présent à ce moment-là. Il nous a dit qu'un enfant ça suffit. C’est de ce frère dont elle parle dans son récit lorsqu’elle dit : « J' étais contente que mon frère qui est mon parrain soit venu pour ma fête. Car il ne vient jamais aux repas de famille. » C’était pour fêter les cinquante ans de ma femme. Ses deux autres frères étaient présents à cette fête.
Durant le temps que ma femme est restée chez ses parents, puis pendant les deux mois que notre fille a passé en couveuse, je faisais l’aller retour entre Châteaudun et Libourne deux weekend sur trois.
Le deuxième épisode
Octobre 1988 ses poumons ont été gravement infectés. Elle a dû être hospitalisée. A cette époque nous habitions 15, rue Jules Ferry à Libourne. J’avais emprunté pour acheter cet immeuble. Bien qu’il donne sur deux rues, sa surface au sol est réduite. De mémoire c’était environ 36 mètres carrés. Il y avait quatre niveaux. Elle devait donc monter des escaliers.
L’infection l’avait fatiguée et avait aussi réduit sa capacité pulmonaire. A l'hôpital, elle avait bénéficié de soins intensifs. Elle aurait pu mourir à ce moment-là. Pour que vous puissiez avoir une idée de la gravité de l’infection pulmonaire qu’elle a eu, voici ce que nous pouvons lire dans la revue médicale suisse à propos de sa maladie :
La mortalité des bronchiectasies à dix ans est de 30%, mais aux soins intensifs, elle est extrêmement importante. https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2007/revue-medicale-suisse-99/bronchiectasies-une-pathologie-qui-reemergeAvec plus de 500 auteurs chaque année, la Revue Médicale Suisse (RMS) est une revue scientifiquement indépendante consacrée à la formation continue des médecins francophones. https://www.revmed.ch/qui-sommes-nous
Lorsqu’elle est décédée, le 12 février 2013 , elle avait 54 ans. Elle aurait eu 55 ans le 29 avril 2013. Compte tenu de la mortalité qu’entraîne les bronchectasies vous comprendrez qu’avoir vécu aussi longtemps avec cette maladie d’enfance est probablement exceptionnel et que ce n’est pas sans raison qu’une de ses belle sœurs a dit de ma femme à ma belle-mère, lorsque ma femme était petite, qu’elle ne vivrait pas longtemps. Le fait qu’elle se dise heureuse est peut-être une des raisons de sa longévité. Voici un texte qui en parle :« Positive attitude » toxique : pour être heureux, n’en faites pas trop https://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Bonheur/Articles-et-Dossiers/Positive-attitude-toxique-pour-etre-heureux-n-en-faites-pas-trop
Certaines recherches montrent que les personnes « heureuses » ont tendance à vivre plus longtemps, à être en meilleure santé et à avoir une vie plus réussie. Et les personnes « très heureuses » bénéficient plus de ces avantages que les personnes « moyennement heureuses ».
Après son hospitalisation, elle ne pouvait plus habiter 15, rue Jules Ferry. Il nous a fallu trouver un autre logement.
Avant son hospitalisation, elle devait évacuer le mucus de ses poumons seule. Cela demande un effort et il lui fallait veiller à tout évacuer. Pour l’aider dans cet effort, son pneumologue lui a prescrit des séances de kinésithérapie. C’est ainsi que nous avons déménagé en janvier 1989 pour louer une maison de plain pied située à proximité d’un kiné afin qu’elle puisse y aller à pied, plusieurs fois par semaine. J’habite encore aujourd’hui dans cette maison.
Un de ses souhaits c’était d’habiter dans une maison dont on peut faire le tour. Dans son texte, elle ne dit pas de manière directe qu’elle a obtenu cela. Mais elle écrit « Je fais le tour de la maison pour aller au jardin. Et c' est bien agréable. » Il n’y a pas besoin de faire le tour de la maison pour aller au jardin étant donné que la maison a deux ouvertures, une à l’avant, l’autre à l’arrière où se situe le jardin.
Si elle achetait quelque chose et qu’elle payait en espèces, elle était incapable de calculer combien on devait lui rendre. Mais elle savait utiliser une calculatrice. C’est elle qui calculait le solde de la banque après chaque dépense par chèque et vérifiait ce solde lorsqu’elle recevait le relevé de compte. Comme les chèques étaient gratuits et pas la carte bancaire, durant toute sa vie nous n’avons pas eu de carte bancaire. A l'époque, il était possible de retirer des espèces au guichet de la banque. Le compte chèque était à nos deux noms.
Elle ne savait pas traduire le chiffre du montant du loyer en nombre, mais c’est elle qui faisait chaque mois le chèque pour payer le loyer. En début d ’année, lorsque le loyer augmentait je lui écrivait le montant du loyer en chiffres et en lettres sur un morceau de papier qu’elle conservait et utilisait tout au long de l’année. C’est elle qui devait penser à payer le loyer. Un mois d’août elle a oublié. Cet oubli n’est arrivé qu’une seule fois sur la période 1989 – 2013. Elle avait reçu le relevé de la banque et vérifié le solde. Il correspondait bien avec ce qu’elle avait calculé et comme elle ne maîtrisait pas les chiffres, un solde plus élevé que d’habitude ne lui a pas paru suspect. Ce n’est que deux mois plus tard, lorsque le propriétaire avait mis un petit mot sur un post-it avec la quittance de loyer que nous nous sommes rendu compte de cet oubli. Je ne contrôlais pas ce que faisais ma femme.
Durant quelques mois ma femme s’était trompée en rédigeant les chèques car elle avait gardé le papier que j’avais fait l’année précédente et à un moment donné elle ne s’était plus basé, pour établir le chèque du loyer sur le papier qui concernait l’année en cours mais sur celui de l’année précédente. En raison de son handicap mental, elle ne s’était pas rendu compte de son erreur. C’est un simple mot du propriétaire qui m’a permis de lui expliquer qu’elle s’était trompée. J’ai rédigé une lettre d’excuse au propriétaire en expliquant ce qui s’était passé. Ma femme ne souhaitait pas que je fasse cela parce que c’était révéler son handicap qu’elle essayait de cacher. Mais j’ai expliqué à ma femme que c’était nécessaire afin que le propriétaire ne croit pas que nous ne voulions pas payer l’augmentation.
J’avais auparavant contrôlé les augmentations que le propriétaire avait faites depuis que nous louions le logement. J'ai pu faire cela grâce à Internet. J’avais pu constater que le loyer avait été augmenté plus que la loi le permettait. Comme la législation prescrit les sommes versées au titre du loyer au bout de deux ans je n’avais déduit de mes loyers que le surplus payé pendant ses deux ans en se basant sur un nouveau montant du loyer, celui qu’il devait avoir si les hausses de loyer avait été conformes à la législation depuis le début de notre location (1989). ( j’ai été bénévole pour une association nationale de défense des consommateurs dont j’ai présidé la structure locale libournaise pendant un certain temps. Je publierai un texte qui parlera de ce bénévolat. ) Je n’ai parlé de cette erreur à personne d’autre qu’au propriétaire et ma femme a continué à s’occuper de rédiger le chèque du loyer et à calculer et vérifier le solde à la banque. On n'a jamais eu de découvert autorisé ou pas sur notre compte personnel. Je n’ai fait aucun reproche à ma femme pour cette erreur. J’ai juste déchiré et mis à la poubelle le papier où il y avait l’ancien loyer.
Note : J’ai fait le gâteau que vous voyez dans la photo située au début de ce texte. Les framboises provenaient de notre jardin. C’est moi qui cultivait les framboisiers.
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